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29/07/2014

La maison champollion à Vif

maison champollion,brigitte périllié,canton de vif,conseil général de l'isère,maisire de vif,38450Avec le changement de municipalité à Vif, le projet de musée à partir de la maison de la famille Champollion peut enfin être repris.

Comme je l'ai maintes fois évoqué dans les colonnes du journal de Vif ou en Conseil municipal, ce projet devrait être une réalité depuis au moins 5 ans. L'ancien maire, Jean Mourey, n'a pas pris les décisions qui s'imposaient pour permettre la réhabilitation de la maison familiale et par la même, l'ensemble du musée.

Les dernières élections ont rebattu les cartes et, enfin, les élus municipaux reprennent le dossier pour tenter de le faire émerger... Mais, le contexte économique et financier n'est plus le même en 2014, qu'en 2009, date à laquelle le Conseil général avait déposé la demande de permis de construire. Aujourd'hui, avec l'annonce de la disparition prochaine du Conseil général, il nous faut trouver une autre stratégie, voire un autre projet pour ce site, inscrit aux bâtiments de France.

Voici la note que j'ai écrite ces derniers jours pour appuyer les démarches entreprises par le maire Guy Genet auprès du Président du Conseil général. Cet après-midi, nous rencontrons le vice-président chargé de la culture et du patrimoine.

Il sera aussi nécessaire de rencontrer le président de la Métro et celui du Conseil régional.

Voire la note :La Maison Champollion à Vif vers 28-07-14.docx

21/04/2014

Le monde qui pleure !

 

Le récent redécoupage des cantons et la perte pour Vif de son appellation de chef-lieu de canton, a fait sujet lors de la tentative de négociation entre la liste Parrot et celle que je conduisais lors de ces dernières municipales.

Ne me suis-je pas vue reprochée de n'avoir pas versé ma larme lorsque j'ai découvert ce changement et de ne m'être pas exprimée précisément sur ce point ! J'avoue que ce reproche m'a saisie !
Il n'est pas dans mes habitudes de pleurer même symboliquement pour un aspect de notre législation qui, a priori, est logique et tend à harmoniser de façon rationnelle l'organisation de notre pays.

Tout d'abord quelques rappels, qu'est-ce qu'un canton ?
Certainement pas une aire de gestion spécifique pour le Conseil général, c'est une aire d'élection comme l'est une circonscription.

Le canton est le territoire sur lequel chaque conseiller général est élu pour aller siéger au Conseil général, assemblée qui déploie des compétences et des politiques sur le département. D'ailleurs en 2015, après le renouvellement des cantons, le conseil général s'appellera le Conseil départemental et les élus des conseillers départementaux, ce qui j'espère apportera un peu de clarté et de compréhension dans l'esprit des citoyens.

Alors pourquoi n'ai-je pas versé ma larme ?
Le redécoupage des cantons à deux objets : inscrire la parité femme-homme dans les assemblées départementales, à l’instar des communes et des régions, sans les inconvénients du scrutin de liste, jugé trop hégémonique et partisan et, rééquilibrer la représentation démographique citoyenne d'un canton à l'autre.

Depuis la création des départements, qui datent de la révolution française de 1789, la commune, qui joue le rôle de chef-lieu de canton est la plus peuplée. Si Vif l'a été au début, aujourd'hui, c'est Pont de Claix qui récence le plus d'habitants (11 400 habitants) alors que Vif en compte environ 8 500.

À quoi sert cette notion de chef lieu de canton ?
Après la révolution et jusqu'environ les années 80, l'état centralisé devait décliner sur son territoire ses services ouverts au public. Internet n'existait pas et la décentralisation n'avait pas encore fait ses preuves, les modes de paiement n'étaient que partiellement dématérialisés par chèques, la carte bleue et les retraits automatiques n'existaient pas. Au fur et à mesure de toutes ces avancées technologiques et avec l'approfondissement des transferts de compétences entre l'Etat et les collectivités locales, l'existence de services déconcentrés de l'état tels que la DDE ou les trésoreries se sont posées. Aujourd'hui, la DDE dans les cantons a disparu avec le transfert des routes aux départements et de l'instruction des permis de construire aux communes.

Aujourd'hui l'Etat n'a plus d'autres fonctionnaires déconcentrés que dans les trésoreries de chef-lieu de canton et les gendarmeries.
Pour les trésoreries : Les progrès de dématérialisation des paiements ne justifient plus cette déconcentration. Des services regroupés par "arrondissements" plus grands, seraient suffisants pour recevoir le public en demande de renseignements sur leurs impôts, ce qui est déjà fait sur Grenoble. En outre, le plus gros des travaux effectués par les trésoreries locales sont au service des communes ou autres établissements publics locaux. Il n'est plus nécessaire d'être dans une extrême proximité géographique, les échanges se passant en majorité par internet, téléphone, ou autre types d'envois. Les rencontres physiques là aussi n'obligent pas à une extrême proximité, mais bien à un travail collaboratif en réseau.

Les gendarmeries sont d'un autre registre car là, la proximité est importante. Elles doivent rester au plus près du public, avec des effectifs correspondant au nombre de habitants. Leur gestion est là encore complètement indépendante du Conseil général, c'est l'état qui décide de leur déploiement. Une seule spécificité demeure, le partenariat avec les communes pour construire les gendarmeries. Situation qui apparaît de plus en plus inopportune car les communes sont en fait uniquement décisionnaires sur leur implantation lors de l'instruction des permis de construire.

Que reste-il donc de cette classification de chef- lieu de canton, à part la prime donnée à la commune ainsi désignée ?
Pas grand-chose, sauf pour cette commune, une gratification de 15% sur sa dotation globale de fonctionnement versée par l'Etat. Dotation décidée à une époque où le chef-lieu de canton était censé assumer des charges spécifiques pour l'état. Aujourd'hui il ne reste pas grand-chose, surtout dans un contexte d’intercommunalité qui recentre à ce niveau le déploiement des politiques transférées par l’Etat. Sa suppression pourrait d'ailleurs être une source d'économie !

Donc aurai-je du verser ma larme lors du transfert de cette appellation du canton de Vif vers Pont de Claix ? Peut- être pour la nostalgie des temps anciens...
Aurai-je du verser ma larme de la dissociation de Claix de ce nouveau canton ? Sans doute, mais comment aurions fait pour répondre aux exigences, certainement exorbitantes pour l'Isère, de recomposition de nos cantons pour qu'ils soient plus équilibrés démographiquement, sans augmenter le nombre d'élus alors que depuis sa dernière recomposition notre département a pris environ 300 000 habitants de plus et qu'il est un des plus hétérogènes de France entre plaines et montagnes, entre urbain et rural. Pour mémoire, le canton de vif compte entre 36 000 et 38 000 habitants là où les trois cantons du Trièves totalisent à eux trois, 9000 habitants.

 

Avec la réforme le canton de Pont de Claix comptera environ 45 000 habitants, deux conseillers départementaux le représenteront au sein de l’assemblée départementale.

Ces exigences prouvent bien que la première fonction du canton est de présenter un territoire d'élection capable de respecter la représentation démographique et de genre avec les binômes femme-homme qui seront candidats l'an prochain.
C'est ce à quoi je me suis attachée pour ne pas verser ma larme...

Mais, dans le contexte de chamboulement perpétuel que nous traversons, les nouveaux cantons risquent d'avoir une très courte vie... La suppression des Conseils départementaux étant déjà avancée avant même leur mise en service !

Nostalgie des temps anciens.... Le monde qui pleure a t-il raison ?

 

07/06/2013

CP du 31 mai 2013 - Relevé de subventions – Canton de Vif

 

Commission de l’action sociale et des solidarités

 Enfance et famille :

Participation du CG au fonctionnement des établissements associatifs d'accueil du jeune enfant

-        Halte-garderie La Coronille (Vif) : subvention de fonctionnement de 6 536,00 € au titre de l’année 2013

Participation au fonctionnement des relais d'assistants maternels

-        CCAS de Vif : subvention de fonctionnement de 2 439,00 € pour le relais d’assistants maternels (coordination assurée à 80 %)

 Participation en faveur des centres de planification et d'éducation familiale

-        CCAS de Pont-de-Claix : subvention de fonctionnement de 195 000, 00 € au titre de l’année 2013


Politique de la ville 

Subventions de fonctionnement dans le cadre des CUCS

-        Commune de Pont-de-Claix : subvention de 5 000,00 € pour le développement du centre de ressources GUSP (gestion urbaine et sociale de proximité)

-        CCAS de Pont-de-Claix : subvention de 3 000, 00 € pour l’épicerie sociale et solidaire

 

Personnes âgées – Subventions en faveur de l'adaptation du logement des personnes âgées ou en perte d'autonomie

-        Particulier sur Pont-de-Claix : subvention de 1 000, 00 € pour l’installation d’une douche adaptée

 

Commission des collèges, de la jeunesse et des sports

Education – Actions en faveur des collèges publics

-        Collège Moucherotte : subvention de 2 055, 28 € (dotation de compensation des collèges satellites des cuisines mutualisées

 

Jeunesse et sports – Aide à l’animation sportive

-        Les Chauds Patates (Saint-Paul-de-Varces) : subvention de 900, 00 € pour l’organisation d’un raid multisports à Autrans

 

Jeunesse et sports – Aide aux frais de déplacements des jeunes de 11 à 16 ans

-        Handball club pontois : subvention de 900, 00 €

-        Union sportive de Saint-Paul-de-Varces (section football) : subvention de 300, 00 €

 

Jeunesse et sports – Aide aux initiatives locales des associations

conseil général de l'isère,canton de vif,brigitte périllié-        Souffle de l’Inde (Claix) : subvention de 3 000, 00 € pour l’organisation de journées portes ouvertes dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale

 

conseil général de l'isère,canton de vif,brigitte périllié-        Football Club Vallée de la Gresse (Vif/Varces/Le Gua) : subvention de 4 000, 00 € pour l’organisation de tournois




-        Compagnie Lune Prune (Claix) : subvention de 800, 00 € pour l’adaptation théâtrale d’un roman d’Elio Vittorini

-        Votre Relais Animation Information (Saint-Paul-de-Varces) : subvention de 500, 00 € pour l’organisation des journées du patrimoine

-        Dojo Claixois : subvention de 600, 00 € pour l’organisation de l’open de jujitsu Rhône-Alpes édition 2013

-        Scouts et Guides de France (Claix) : subvention de 400, 00 € pour un projet de solidarité internationale au Cambodge

22/02/2013

22 février - Quelques portraits des femmes de Sharana – Souffle de l’Inde.

Elles sont six femmes et deux jeunes filles à l'atelier. Quatre sont veuves, les deux autres femmes sont victimes de violences conjugales. Les deux jeunes filles ont 17 ans maintenant. Elles ont été accueillies au Shelter lorsqu’elles étaient enfants. L’une, son père est alcoolique et très violent ; il bât sa femme. Les travailleurs sociaux craignaient qu’il viole la petite et l’ont donc recueillie. L’autre n’a plus de père et la mère se prostitue. Les travailleurs sociaux pensent que s’ils la laissent rentrer chez sa mère, elle sera prostituée. Ces deux jeunes filles ne sont plus scolarisées car elles ne sont pas capables de poursuivre des études supérieures. Ils ont donc demandé à Josette de la prendre à l’atelier. Elles sont assez habiles de leurs mains et confectionnent des corbeilles en papier journal, pas mal du tout !

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmes

Les violences conjugales sont culturelles en Inde. Elles existent dans presque toutes les familles où l’homme exerce un pouvoir sans mesure sur sa femme. L’épouse doit être à son service. S’il tombe malade ou s’il meurt, c’est elle qui en assume la responsabilité. Elle est aussi son souffre-douleur quotidien. Il a pratiquement droit de vie et de mort sur elle.

 

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmesVetrikodi, a 43 ans et deux enfants, un garçon et une fille de 19 et 16 ans. Elle est veuve depuis 2 ans et demi. Elle est à Sharana depuis 3 ans. Elle est entrée quand son mari était malade.Son mari était alcoolique et la battait sans arrêt. Elle a dû aller plusieurs fois à l’hôpital à cause des blessures qu’il lui infligeait. Il faisait des petits boulots et ils n’avaient pas d’argent. 

Elle est venue vivre à Pondichéry avec son mari et, quand il est mort, elle ne connaissait personne. Elle n’avait plus de parents et son frère ne voulait pas d’elle. Quand son mari est tombé malade, elle accompagnait des enfants dans les school-bus. pour arriver à vivre, elle a envoyé son fils de 13 ans travailler dans une fabrique artisanale de chaussures. Le comptable de Sharana l’a repéré et cette situation a fait réfléchir les travailleurs sociaux sur l’importance de donner un vrai travail aux mères, notamment les veuves. C’est là qu’ils ont commencé à organiser une activité pour les femmes qui soit suffisamment rémunératrice, sachant que celles-ci ont la plupart du temps, un très petit niveau. Vetrikodi est rentrée dans l’association et son fils a pu retourner en classe. Elle loue une maison et a donc un loyer à payer. Elle cuisine les repas qui sont consommés par les permanents de l’association qui restent à midi, cela lui fait un complément de revenus.

L’autre association « A way with you » qui aidait déjà des enfants des rues de Pondichéry, s’occupe du fils. Il va passer le bac l’an prochain.

Sa fille est née avec une tumeur à l’oreille et elle a été opérée à 12 ans. Elle a été prise en charge par Sharana pour l’école et par « A way with you » pour les opérations chirurgicales. Vetrikodi a encore des problèmes d’argent, mais s’en sort mieux.

 

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmesPadmavathy a 34 ans, elle est séropositive et a un fils de 12 ans. Elle est veuve depuis 9 ans. Elle est native de Pondichéry mais n’a plus vraiment de famille.  Elle vivait ailleurs avec son mari et elle est revenue ici quand son mari est mort.  Elle vit avec sa mère et son fils. Ses deux frères sont morts et sa sœur vit très loin. Elle fait vivre les 3 personnes avec son salaire.

Padmavathy a débuté à l’atelier dès sa création, il y a trois ans.  Son mari avait le sida et en est mort. Elle a un traitement préventif tous les six mois à l’hôpital. Son fils est parrainé mais pas avec Sharana.

Elle a une machine à coudre à la maison et cela lui permet de compléter ses revenus.

 

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmesSammanasumarie a 46 ans et trois filles, 21, 18 et 16 ans, on l’appelle Marie. C’est son anniversaire aujourd’hui ! Elle habite très loin dans Pondichéry et vient tous les jours à pied pour économiser le bus. Elle est en location. Elle travaille beaucoup et très bien. Sa fille ainée va devenir professeur et la deuxième va passer le bac. La dernière poursuit sa scolarisation.

Les enfants ont été parrainés par une autre association que Sharana. Marie est née dans un petit village tamoul, comme il y en a plein. Son mari était de Pondichéry. Ils sont allés vivre à Bombay car il avait trouvé une place de conducteur de travaux. Mais au bout de quelques mois, elle est revenue à Pondichéry pour faire parrainer ses enfants. Ce système de prise en charge des enfants pauvres est assez développé ici, contrairement à d’autres régions. Le mari habitait assez loin des chantiers et prenait le train tous les jours pour aller travailler. Vous l’avez sans doute déjà vu dans des documentaires, souvent les indiens se tiennent d’une main sur les marches-pieds des trains bondés. Ce qui devait arriver, arriva. Un matin, il est tombé et s’est tué. Les autorités ont mis plusieurs semaines pour retrouver Sammanasumarie. Elle n’a pu que venir chercher ses cendres. Comme elle ne savait pas où travaillait son mari, ni pour qui, elle n’a pas pu demander de l’aide à l’entreprise pour qui il travaillait. Marie n’a rien pu faire pour faire valoir ses droits.

Apparemment, le gouvernement de Pondichéry donne une pension aux veuves de 1000 roupies par mois. Elle peut la cumuler avec son salaire de Sharana ;

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmesMarline Meera a 38 ans, 3 enfants : un garçon et deux filles de 13, 10 et 9 ans.  Elle est veuve depuis 4 ans. Elle est née à Shidambaram et s’est mariée à Pondichéry. Lorsque son mari est mort, ses beaux- parents étaient déjà morts aussi.  Elle est donc propriétaire de sa maison et n’a pas de loyer à payer. Son mari buvait et la battaient continuellement. Elle en garde les marques sur la tête. Il est mort de l’alcoolisme. Cela a été une libération pour elle. Ses enfants sont scolarisés et sponsorisés, mais tous sont en difficulté scolaire. Elle était servante chez des indiens qui l’exploitaient et elle n’avait pas la paie en retour.  Elle a pu participer à un stage, organisé par le gouvernement de Pondichéry pour apprendre à coudre, il y a 2 ans. Elle cousait un peu chez elle pour des voisins. Elle est à Sharana depuis seulement quelques mois. C’est Marie qui lui a dit de venir.

Aujourd’hui, elle culpabilise car elle pense qu’elle a peu suivi la scolarisation de ses enfants en s’occupant de ceux des autres. Mais, avait-elle le choix ?

Elle est très contente qu’on lui pose ces questions, car c’est la première fois que quelqu’un s’intéresse à sa vie…

Toutes ces femmes ont été les premières à choisir leurs parures parmi le stock de lingerie que j’ai pu emporter dans mes bagages.

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmesAmala Dévi a 25 ans, elle est assistante sociale à Sharana. Elle conduit une action pour des adolescentes et jeunes mères. Son propre père était alcoolique aussi et bâtait sa mère. Elle a grandi dans un contexte de violence semblable aux autres femmes, mais pas dans la pauvreté. Sa mère a eu assez d’argent pour ouvrir une boutique d’esthétique et gagnat sa vie. Amala a pu faire une grande école de commerce mais, lors de sa dernière année d’étude, elle a pensé que, compte tenu ce qu’elle avait vécu dans son enfance, elle devait faire plutôt un travail social que commercial. Sa mère n’était pas d’accord car c’est assez mal payé et c’est une jeune fille brillante. Elle n’a donc pas voulu financer ces nouvelles études. Alors, Amala a donné des cours du soir pour payer son école de formation de travail social, pendant 2 ans. Elle a accepté de travailler pour un shelter de Sharana, dans un quartier très difficile, d’abord bénévolement puis elle a été embauchée. Sa propre famille l’a mal pris car une jeune fille de bonne famille ne doit pas aller dans les quartiers difficiles et accomplir un travail où elle est amenée à faire des gardes de nuit. Sa réputation de fille pure en est finie…

Sa mère a donc voulu la marier, mais Amala a refusé pour garder son travail. Sa mère l’a alors mise dehors et, elle est allée vivre chez sa grand-mère. Amala a refusé ce mariage car elle craignait d’être à la merci de son mari et de devoir se consacrer uniquement à lui. Elle veut un mariage d’amour avec un homme qui accepte son engagement.

Elle a distribué la lingerie que j’ai apportée aux adolescentes et aux jeunes mères (de 16 à 25 ans) au « Day care center », où ces jeunes femmes peuvent venir parler de leurs problèmes tous les matins. Ceux-ci peuvent être de santé ou simplement de confiance en soi. En Inde les hommes sont des dieux et leurs enfants aussi. Les femmes doivent s’en occuper continuellement. Elles ont une très mauvaise estime d’elles même et se soignent très peu !

Suivant leur situation et leurs capacités, Amala les envoient dans d’autres associations où elles peuvent bénéficier d’actions d’insertion professionnelle.

Le gouvernement tente de parler des violences faites aux femmes, mais il y a toujours un prétexte pour retarder le lancement des actions, cela n’est pas très électoraliste… Ces violences sont ancrées de façon ancestrale dans la culture indienne. Les femmes peuvent porter plainte, mais elles ne le font pas car leur famille (parents, frères, sœurs, oncles, tantes, grands-parents…)  va les rejeter.

Amala est bien sûr très mobilisée sur ce vaste problème et voudrait développer un nouveau projet pour cela, sans attendre que les pouvoirs publics fassent quelque chose. Elle s’est fixée l’objectif de réussir à monter une action, d’ici 3 ans, pour s’attaquer aux viols et aux violences faites aux femmes.

C’est un grand challenge ! Il n’empêche, que la classe moyenne qui s’élève aujourd’hui commence à s’émouvoir, surtout lorsque surgissent des viols particulièrement odieux. Hier, une petite fille de 4 ans s’est fait violée à Pondichéry, avant-hier, ailleurs, nous avons vu dans la presse que ce sont trois fillettes qui ont été violées à la sortie de l’école et qui ont été jetées dans un puits. Le fait que la presse en parle est nouveau et va peut-être aider à faire bouger les pouvoirs publics.

En entendant parler Amala sur son souhait de mieux prendre en compte ce fléau, il me vient l’idée de la faire venir à Grenoble pour lui expliquer et qu’elle voit les différentes associations qui œuvrent contre les violences faites aux femmes. L’idée lui plait bien, bien sûr, mais il faudra trouver des financements pour payer son voyage car, ni Sharana ni elle, ne peuvent assumer un tel voyage. Je fais donc un appel aux dons, si modiques soient-ils, cumulés ils pourront contribuer à ce qu’elle voit mieux ce qu’elle pourrait faire chez elle. Elle sait déjà qu’il faudra faire des actions auprès des hommes et des jeunes garçons pour qu’ils envisagent une autre posture envers leurs épouses ou futures.

 

 

conseil général de l'isère, Souffle de l'inde, Josette Rey, Brigitte Périllié, droits des femmes

Dimanche 17 février, Les retrouvailles des femmes de Kochi

C’était le second jour « J », pour lequel Josette m’a emmenée à Kochi. Elle tenait absolument à me présenter les femmes qui ont bénéficié de Souffle de l’Inde depuis son ouverture et avec qui elle est toujours en contact. L’accueil a été très chaleureux. A midi, nous étions attendus chez Shinie. Souffle de l’Inde n’a plus de local à Kochi et seule, Shinie a une maison capable de nous accueillir tous. Les embrassades ont été longues, émues, magnifiques… J’ai senti toute la reconnaissance de ces femmes envers Josette, qui n’ont pas grand-chose et que la vie n’a pas épargnées. Elles étaient sept à nous attendre.

conseil général de l'isère,souffle de l'inde,josette rey,brigitte périlliéIl y avait Giji dont j’ai déjà raconté la pauvre histoire, et aussi Shinie,  Big Jessie, Shela, Cassseline, Mable et  Philomèna.

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte Périllié
Giji est une femme douce, calme, réservée. On sent toute la tristesse qui est en elle. Et bien  sûr, si elle a manifesté les retrouvailles avec Josette de façon très joyeuse et chaleureuse, c’était avant tout l’émotion qui la submergeait. Pour Josette, c’était pareil. Elles sont restées l’une contre l’autre un bon moment…

Shinie a poussé des cris de joie quand elle a vu Josette. Elle riait et parlait de façon très volubile. Ses yeux ronds tournaient à toute vitesse en dodelinant la tête. Son visage rond transmettait toute la gaîté qui l’animait en ce jour de retrouvailles. Elle a fait claquer des grosses bises sur les joues de Josette. Les autres ont été aussi très chaleureuses,  mais j’ai senti que Giji et Shinie étaient l

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte Périllié

es préférées. Toutes ont des histoires dramatiques ou très difficiles. Toutes ont été victimes de violence de la part de leur mari ou de leur belle-famille.

L’histoire de Shinie n’est pas aussi dure que celle de Giji, mais elle est pas mal non plus.

Shinie est restée mariée 45 jours !!... Son mari est mort dans un accident de la route. Ses beaux-parents ne voulaient plus d’elle car elle n’avait pas porté chance à leur fils. Elle a donc voulu retourner chez ses propres parents, mais ceux-ci refusèrent ; Ils avaient payé la dote et ne pouvaient plus l’assumer financièrement … Elle sera donc recueillie chez les sœurs. Quelques semaines plus tard, elle s’aperçoit qu’elle est enceinte et accouche d’un joli garçon. Apprenant cela, les beaux-parents le réclament « c’est le fils de leur fils défunt… » Les sœurs négocient et imposent qu’ils prennent la mère et l’enfant. Ce fût fait, mais la vie fut impossible pour Shinie qui se retrouva dans l’état de domestique pour cette famille sans égard pour elle. C’est alors qu’elle entend parler de l’association qui vient d’ouvrir et s’y présente. Elle est dans les premières. Normalement, Josette sélectionne des mères qui ont des filles. Mais il y a de la place.

Souvent, Josette remarque que le matin, Shinie arrive  le sari mouillé. Pour plaisanter, elle lui propose de lui acheter un parapluie… Shinie lui avoue alors ses conditions de vie. Elle dort dans la pièce la plus délabrée de la maison avec un trou dans le toit qui provoque des gouttières, y compris sur son lit. En Inde, les gens prennent une douche le soir enfilent leurs habits pour le lendemain et se couchent avec sans drap de dessus.

Josette va voir les beaux-parents et les somme de lui donner une vraie chambre, sinon elle prendrait Shinie avec son fils en permanence à l’association ; ils s’exécutèrent … Shinie passait son temps à s’occuper des autres sans pouvoir penser à son avenir. Josette tentait de transmettre aux femmes accueillies, l’envie de se battre pour accéder à une vie meilleure. Au bout de quelques années, Shinie a eu l’opportunité d’acheter une petite maison dont les propriétaires étaient dans l’obligation de vendre. Le prix était accessible. Elle a vendu ses bijoux et a pu débloquer un prêt d’état car son mari était fonctionnaire. Des dons faits à l’association lui ont permis de compléter la somme. Aujourd’hui, elle rembourse toujours son prêt mais elle est chez elle et a pu couper les ponts avec ses beaux-parents. A  souffle de l’Inde, elle a appris à coudre à la machine et continue toujours de confectionner des pochettes en tissu et autres objets vendus ensuite dans des boutiques solidaires. Chez les sœurs, elle avait appris à broder et le fait extraordinairement bien. Le jour, elle travaille dans un atelier de couture.

Big Jessie, a deux filles quand son mari meurt de maladie. Elle se retrouve donc seule avec ses deux filles à marier. Pour l’ainée, elle donne sa maison en lise. C’est une sorte de gage. Elle ne pourra la reprendre  que si elle rachète ce gage, ce qui parait complètement impossible. N’ayant plus de maison, elle vit avec sa fille ainée. Lorsqu’elle arrive à l’association, sa deuxième fille est toujours scolarisée. Celle-ci tombe amoureuse d’un jeune homme et s’enfuit  avec lui  car, sans dote, sa famille n’en voulait pas. Ils ont fait un mariage civil mais sont toujours rejetés par leurs familles respectives. Même la fille ainée de Big Jessie ne veut plus en entendre parler. Big Jessie ne veut pourtant pas couper les ponts avec sa plus jeune fille et pendant quelques années, leurs rencontres ont lieu à l’association. La jeune femme vient souvent et rend quelques services puis, elle a un fils.  Aujourd’hui, Big Jessie vit toujours chez sa fille ainée. Elle ne travaille plus, pour des raisons de santé. Pour voir sa seconde fille et son petit-fils, elle vient chez Shinie.

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte PérilliéPhilomena, ses parents l’avait mariée à un fils unique. Quand il est mort, sa fille avait un an.  Elle est restée chez ses beaux-parents âgés et malades. Ils habitaient dans une maison insalubre et entourée de canaux nauséabonds. La petite a rapidement développé de l’asthme. Mais Philomena ne peut quitter cette maison, elle doit s’occuper de ses beaux-parents âgés jusqu’à leur fin. Aujourd’hui,  elle travaille chez la même couturière que Shinie. Le soir elle fait encore des trousses à bijoux pour Souffle de l’Inde. C’est elle qui a la couture la plus soignée.

Shela, appartenait à une famille de deux filles. Elle a été mariée, mais pas sa sœur qui a une peau trop foncée. Les filles à peau claire sont plus faciles à marier, leur dote est moins importante. Elle a eu un fils et une fille. Dans sa toute petite maison, il y avait le couple, les deux belles mères, les deux enfants et la sœur célibataire. Seules Shela et sa sœur travaillent pour nourrir la maisonnée. Son mari, alcoolique, la frappe et lui prend son argent.

Leur propre mère morte, les deux jeunes femmes ont l’occasion de partir dans le Golfe pour des emplois de ménage. La belle-mère reste donc seule avec son fils alcoolique et les enfants à élever. Leurs conditions de vie étaient là aussi un véritable esclavage. Elles dormaient dans un placard et devaient être totalement disponibles pour les familles qui les employaient. Malgré tout, Shela a pu économiser son salaire et a acheté de l’or pour marier sa fille. Un jour, elle donne les bijoux à sa belle-mère, avec qui elle s’entend bien, pour qu’elle les garde. Mais au bout de quelques temps, la belle mère meurt et Shela doit rentrer.  C’est là qu’elle s’aperçoit que les bijoux ont disparu. Son mari violent la bât chaque jour. Vaillante, elle continue malgré tout à faire des ménages. Malheureusement, le mari tombe malade et elle ne peut plus sortir travailler. En plus, il n’y a pas de protection sociale en Inde, il faut emprunter pour se soigner. La famille n’a plus rien et vit de mendicité et de la charité de l’église. Quand son mari meurt, elle entend parler de Souffle de l’Inde et demande à y travailler. La sœur, restée dans le golfe, l’aide à financer le mariage de la fille. La maison tombait en décrépitude lorsqu’elle arrive à l’association. C’est un de ses bénévoles qui lui a réparée. Son fils est rentré dans les ordres et ne pourra  pas la prendre en charge pour sa vieillesse. Aujourd’hui elle travaille chez un tailleur et le soir elle fait des vêtements pour des voisins. Elle a un toit à elle.

Mable, avait un mari adorable qui est mort de maladie. Cela a été assez rapide pour ne pas ruiner la famille. Elle a un fils et une fille à marier.  Elle donne donc sa maison en « lise » mais peut garder une pièce pour sa petite famille. Elle a rapidement travaillé à l’association grâce à qui elle a pu élever ses deux enfants.  La fille s’est mariée et le fils a arrêté l’école assez tôt. Il a échoué à l’école et s’est mis à travailler dans le golfe. Il a pu racheter la lise. Mable est diabétique et doit emprunter pour se soigner. Elle vit avec son fils qui est lui-même marié.

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte PérilliéCasseline, a été veuve très jeune avec une seule fille. N’avait pas de maison à elle et payait un loyer qu’elle n’arrivait plus à assumer. Son frère l’a recueillie mais il était handicapé mental. Il lui avait laissé une pièce pour elle et sa fille. La maison tombait en ruine. Les volets ne feraient plus. Sa belle sœur était terrible avec elle et les deux femmes se battaient continuellement. Casseline arrivait souvent en pleurant et un jour josette s’est aperçue qu’elle empruntait de l’argent aux autres femmes. Sa belle-sœur lui prenait toute sa paie et elle n’avait plus rien pour manger. Elle devait donc emprunter. Casseline est assez passive et fataliste. Josette lui expliqua qu’elle ne pouvait plus garder sa fille, si elle restait dans l’impossibilité de la nourrir. Elle lui proposa qu’elle et la petite restent à l’association. Heureusement la jeune fille était brillante à l’école et rapidement elle travaille dans un call center pour payer sa dote. Aujourd’hui, la belle-sœur et le frère sont morts et Casseline a hérité de la maison. La fille l’a fait raser et a reconstruit une autre maison, saine.

Nous partageons, toutes ensemble, sur un coin de table, le repas de l’amitié : du Byrianie au poulet avec un shutney de dates et épices ; délicieux. En dessert, de la Payasam, espèce de soupe de vermicelles ou de riz concassé au lait de coco sucré et du Ghee, des raisins secs, des noix de cajou ou des cacahuètes et de la cardamone. Un peu bourratif et douçâtre à mon goût, mais mangeable.

Ce fût aussi l’occasion de goûter le fruit du jacquier, entre banane et ananas. Très bon !

Dans l’après-midi, je leur montre le film tourné lors de l’anniversaire à Pondichery, des larmes d’émotion perlent sur leurs yeux. Souffle de l’Inde est parti. Elles sont seules désormais pour continuer leur chemin. Mais, elles restent soudées. On doit dire que l’association n’avait pas vocation à les suivre à très long terme… L’essentiel, c’est qu’elles aient toutes un travail aujourd’hui qui leur permet de vivre, ou presque. Seules deux d’entre elles sont maintenant trop âgées pour trouver un travail. Pourtant elles ont des compétences.

Giji a aussi la cinquantaine bien avancée, mais elle est la plus instruite de toutes. Elle parle très bien l’anglais et travaille dans une compagnie de téléphone.

En  10 ans, josette leur a appris à relever la tête, à se battre pour vivre mieux, elle leur a redonné leur dignité.